Ondes Cérébrales : Exploration Scientifique et Application par les Diapasons
- Tuning Chi

- 9 août
- 17 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 sept.
Les ondes cérébrales ont le vent en poupe : elles sont de plus en plus évoquées et on leur prête de nombreuses vertus.
J’ai voulu faire le tri dans les idées reçues et explorer ce que la science en dit vraiment.
Longtemps cantonnée aux laboratoires de neurophysiologie, leur étude connaît depuis quelques années un nouvel essor, porté par des recherches sur leurs applications cognitives, émotionnelles et thérapeutiques.
Cet article propose une synthèse des connaissances actuelles, basée sur des publications scientifiques récentes, et montre comment les diapasons thérapeutiques peuvent offrir une approche concrète pour interagir avec ces rythmes fondamentaux
1. Comprendre les Ondes Cérébrales et Leur Synchronisation
1.1 Qu’est-ce qu’une Onde Cérébrale ?
Les ondes cérébrales sont des oscillations électriques produites par l’activité synchronisée de groupes de neurones.
Elles se classent selon leur fréquence :
Delta (0.5–4 Hz) : sommeil profond, régénération.
Theta (4–8 Hz) : mémorisation, rêverie, relaxation.
Alpha (8–12 Hz) : vigilance calme, réduction des distractions.
Beta (12–30 Hz) : attention active, réflexion consciente.
Gamma (>30 Hz, souvent autour de 40 Hz) : coordination entre différentes régions cérébrales, mémoire de travail, cognition avancée.
Ces ondes coexistent en permanence, mais leur dominance relative varie selon les états de vigilance, d’attention ou de relaxation.
1.2 Synchroniser les Ondes Cérébrales par la Stimulation Rythmique
Le cerveau possède la capacité naturelle de synchroniser ses ondes cérébrales avec des fréquences externes lorsqu'elles sont diffusées de manière régulière et rythmique. Ce phénomène se produit via des stimulations auditives (battements binauraux), visuelles (stimulations lumineuses) ou mécaniques (vibrations corporelles).
Dans leur étude “An Integrative Review of Brainwave Entrainment Benefits for Human Health” (Cunha et al., 2025), les auteurs ont analysé 84 études scientifiques portant sur les effets de la synchronisation des ondes cérébrales via des stimulations externes. Les résultats mettent en évidence des bénéfices dans :
La réduction de la douleur.
L’amélioration de la qualité du sommeil.
La gestion du stress, de l’anxiété et de la dépression.
L’optimisation des fonctions cognitives (concentration, mémoire).
Le soutien aux patients atteints de troubles neurodégénératifs.
Ces effets varient selon les fréquences ciblées (Delta, Theta, Alpha, Gamma), chaque bande d’ondes étant associée à des fonctions physiologiques spécifiques.
1.3 Ondes Cérébrales et Anesthésie : Réduire les Besoins en Sédatifs
Schmid et al. (2020) ont évalué l’impact de stimulations rythmiques (battements binauraux et stimuli lumineux) sur les besoins en propofol lors de chirurgies pédiatriques.
Protocole :
49 enfants répartis en deux groupes : un recevant la stimulation, l’autre sans.
Les fréquences ciblées étaient celles associées à la relaxation et au sommeil profond (theta et delta).
Résultats :
Le groupe stimulé a nécessité des doses de propofol significativement réduites (3.0 mg/kg/h contre 4.2 mg/kg/h).
La profondeur de sédation est restée équivalente entre les deux groupes.
Ces résultats suggèrent que la synchronisation des ondes cérébrales avec des fréquences lentes peut favoriser l’induction d’un état de sédation, réduisant ainsi les doses de médicaments nécessaires.
1.4 Ondes Cérébrales et Acouphènes : Réduire le Handicap Émotionnel
Prakash & Konadath (2025) ont étudié l’effet de battements binauraux sur des patients souffrant d’acouphènes avec audition normale. Les participants ont été exposés à différentes fréquences (delta, theta, alpha), comparées à un masque sonore standard (bruit blanc).
Après trois mois de stimulation quotidienne :
Les groupes recevant les battements binauraux ont montré une réduction plus marquée du handicap lié aux acouphènes.
Ils ont également rapporté une diminution des niveaux de stress et de dépression.
La qualité de vie perçue s’est améliorée.
Les auteurs suggèrent que la synchronisation des ondes cérébrales via des fréquences spécifiques pourrait aider à rééquilibrer les circuits neuronaux impliqués dans la perception sonore et la gestion émotionnelle.
1.5 Ondes Cérébrales et Troubles Cognitifs : Des Altérations Spécifiques selon les Pathologies
Başar & Güntekin (2013) ont analysé les altérations des ondes cérébrales dans plusieurs troubles neuropsychiatriques :
Schizophrénie : diminution des réponses gamma à 40 Hz, désynchronisation des ondes delta, theta et alpha, impactant la mémoire et l’attention.
Alzheimer & MCI : perturbation des bandes theta et alpha, perte de synchronisation gamma.
TDAH : déficits en theta et alpha lors des tâches d’attention soutenue.
Ces observations montrent que les ondes cérébrales peuvent devenir des biomarqueurs dynamiques pour affiner le diagnostic des pathologies cognitives. La modulation de ces rythmes ouvre des perspectives de stratégies thérapeutiques ciblées.
1.6 Ondes Cérébrales et Sommeil : Optimiser la Récupération Mentale
Abeln et al. (2014) ont mené une étude sur de jeunes footballeurs d’élite afin d’évaluer l’impact de la stimulation sonore (battements binauraux entre 2–8 Hz) pendant le sommeil.
Protocole :
15 joueurs ont été exposés chaque nuit, pendant 8 semaines, à des battements binauraux Delta/Theta.
15 étudiants sportifs ont constitué le groupe contrôle (sans stimulation).
Des questionnaires hebdomadaires ont évalué la qualité subjective du sommeil et l’état motivationnel au réveil.
Résultats :
Le groupe stimulé a montré une amélioration significative de la qualité perçue du sommeil.
Une sensation accrue de repos mental et une motivation renforcée au réveil ont été observées.
Aucun effet immédiat sur la fatigue musculaire perçue, mais les auteurs évoquent que les bénéfices physiques pourraient apparaître à plus long terme.
Cette étude met en avant le potentiel des stimulations rythmiques pour optimiser la récupération mentale, notamment dans les contextes d’exigence cognitive et de haute performance.
2. Les Battements Binauraux
Les battements binauraux sont perçus lorsqu’on écoute deux fréquences légèrement différentes dans chaque oreille via un casque. Le cerveau perçoit alors une troisième fréquence, correspondant à la différence entre les deux.
2.1 Comparaison avec les Battements Monauraux
À l’inverse, les battements monauraux résultent de la superposition physique des deux fréquences dans l’air ou dans un même canal auditif.
En résumé, les battements binauraux semblent induire des effets neurofonctionnels spécifiques via une intégration auditive centrale, alors que les monauraux agissent principalement par la modulation directe du signal acoustique.
2.2 Effets des Battements Binauraux sur l’Activité Cérébrale
Plusieurs études ont exploré les mécanismes cérébraux sous-jacents aux battements binauraux :
Ross et al. (2014)
Étude EEG comparant battements binauraux et monauraux. Les auteurs ont observé que les BB activaient des mécanismes spécifiques de traitement auditif central, notamment dans les régions temporales et pariétales, avec une dynamique distincte de celle des battements monauraux.
Solcà et al. (2015)
Étude EEG sur des participants exposés à des BB en bande alpha (10 Hz). Résultat : augmentation de la cohérence interhémisphérique dans cette bande de fréquence, suggérant une amélioration de la connectivité fonctionnelle entre les cortex auditifs.
Scala et al. (2025) (IRM fonctionnelle)
Comparaison entre BB et monauraux à 6 Hz. Les BB ont entraîné une activation spécifique du cuneus et du précuneus, ainsi qu’une modulation légère des paramètres du système nerveux autonome (variabilité de la fréquence cardiaque). Les battements monauraux n’ont pas montré ces effets ciblés.
Ces résultats mettent en évidence que les battements binauraux peuvent influencer l’activité cérébrale et la connectivité fonctionnelle d’une manière qui ne se retrouve pas avec les battements monauraux.
Ondes cérébrales : effets observés selon la bande ciblée
Chaque bande d’ondes cérébrales est associée à des états physiologiques et psychologiques distincts. Les recherches récentes montrent qu’il est possible de moduler ces rythmes de manière ciblée, avec des effets mesurables sur la cognition, les émotions et certaines fonctions corporelles.
3.1 — Les Ondes Alpha (8–12 Hz)
Les ondes alpha sont associées à un état de vigilance calme, à la réduction de l’anxiété, à la facilitation de l’apprentissage et à la diminution de la perception de la douleur.
Elles font partie des ondes cérébrales les plus étudiées dans le cadre de la modulation non invasive de l’activité cérébrale, notamment par la stimulation sonore. Voici trois études scientifiques ayant évalué leur impact dans différents contextes cliniques et cognitifs.
a) Alpha et réduction de la douleur
Ajo et al. (2019) ont étudié l’effet de la stimulation par battements binauraux alpha (10 Hz) sur la perception de la douleur induite par un stimulus thermique.
Méthode : 29 participants exposés à un stimulus thermique douloureux modéré, tout en écoutant soit un stimulus musical avec BB à 10 Hz, soit un stimulus musical seul (contrôle).
Résultats : le groupe BB a montré une augmentation significative du seuil de tolérance à la douleur (+8 % en moyenne), ainsi qu’une réduction de l’intensité perçue.
Observation : les auteurs suggèrent que l’effet antalgique pourrait être lié à une augmentation de la cohérence interhémisphérique en bande alpha, facilitant la régulation émotionnelle et la modulation centrale de la douleur.
b) Alpha et anxiété préopératoire
Padmanabhan et al. (2005) ont évalué l’effet de BB alpha (10 Hz) sur l’anxiété préopératoire chez des patients hospitalisés avant une chirurgie.
Méthode : 108 patients répartis en 3 groupes : BB alpha + musique relaxante, musique seule, ou absence de stimulation.
Résultats : réduction significative du score STAI (State-Trait Anxiety Inventory) dans le groupe BB (-26 %), plus importante que dans le groupe musique seule (-11 %), et aucune modification notable dans le groupe contrôle.
Observation : les auteurs soulignent que l’effet anxiolytique était observable après seulement 30 minutes d’exposition, ce qui pourrait représenter un outil complémentaire simple dans les protocoles de préparation préopératoire.
c) Alpha et apprentissage / mémoire
Kennerly (1994) a testé l’effet de BB alpha sur l’apprentissage de listes de mots.
Méthode : 30 participants écoutant soit des BB à 10 Hz, soit un bruit rose, pendant une tâche d’apprentissage verbal.
Résultats : amélioration de 13 % du rappel immédiat et différé dans le groupe BB par rapport au groupe contrôle.
Observation : cette amélioration pourrait être liée à l’état de vigilance calme induit par les ondes alpha, optimisant la consolidation mnésique.
3.2 — Les Ondes Thêta (4–8 Hz)
Les ondes thêta sont liées aux états de relaxation profonde, de rêverie, d’accès à la mémoire et de créativité. Elles jouent également un rôle dans certains processus cognitifs tels que la consolidation mnésique — c’est-à-dire le processus par lequel les souvenirs récemment acquis sont stabilisés et stockés dans la mémoire à long terme — et la régulation émotionnelle.Voici trois études scientifiques qui ont exploré l’impact des ondes thêta dans des contextes variés, allant des fonctions de connectivité cérébrale à la prise de décision et au traitement de la douleur.
a) Thêta et connectivité cérébrale en méditation
Aftanas & Golocheikine (2001) ont étudié l’activité des ondes thêta enregistrée au niveau du lobe frontal (zone avant du crâne, au-dessus du cortex préfrontal médian) et la connectivité fonctionnelle lors de méditations de type « calme ouvert » chez des pratiquants expérimentés et des novices.
Méthode : EEG sur 16 méditants expérimentés et 16 novices pendant des sessions standardisées de méditation. Analyse des variations de puissance et de connectivité.
Résultats : Les méditants présentaient une augmentation significative de la puissance thêta fronto-médiane (+21 % par rapport aux novices, p < 0,05) et une connectivité fronto-temporale plus élevée (+18 %, p < 0,05).
Observation : Les méditants expérimentés montraient une cohérence accrue entre les signaux EEG des régions frontales et pariétales, traduisant une communication plus efficace entre ces zones. Les auteurs proposent que cette connectivité thêta renforcée soit un marqueur neurophysiologique de la stabilité émotionnelle observée chez les pratiquants expérimentés.
b) Thêta et prise de décision chez les patients parkinsoniens
Singh et al. (2021) ont exploré l’activité des ondes thêta mesurée dans la région fronto-médiane du crâne (zone centrale de la partie avant) lors de tâches de prise de décision impliquant des patients atteints de la maladie de Parkinson.
Méthode : EEG sur 25 patients parkinsoniens et 25 témoins sains pendant une tâche de type Iowa Gambling Task.
Résultats : Réduction significative de la puissance thêta fronto-médiane chez les patients parkinsoniens (−15 %, p < 0,05) par rapport aux témoins. Cette diminution était corrélée à une moins bonne performance dans les tâches de prise de décision (r = 0,46, p < 0,05).
Observation : Les auteurs suggèrent que renforcer l’activité des ondes thêta fronto-médianes, notamment via stimulation sonore ou neurofeedback, pourrait contribuer à améliorer certaines fonctions exécutives altérées dans la maladie de Parkinson.
c) Thêta et modulation de la douleur
Barratt et al. (2011) ont analysé les effets d’une stimulation auditive par battements binauraux thêta (6 Hz) sur la perception de la douleur induite expérimentalement.
Méthode : 24 participants exposés à un stimulus thermique douloureux modéré, tout en écoutant soit un stimulus musical avec BB à 6 Hz, soit le même stimulus musical seul (contrôle). EEG réalisé pendant l’expérience.
Résultats : Augmentation significative de la tolérance à la douleur (+12 %, p < 0,05) et réduction de l’intensité perçue (−9 %, p < 0,05) dans le groupe BB par rapport au contrôle. L’EEG a montré une augmentation de la puissance thêta dans les régions frontales et temporales.
Observation : Les auteurs avancent que les ondes thêta pourraient favoriser un état de dissociation ou de distraction sensorielle, réduisant ainsi la perception de la douleur.
3.3 — Les Ondes Delta (0,5–4 Hz)
Les ondes delta sont les plus lentes du spectre cérébral. Elles prédominent durant le sommeil profond à ondes lentes (stade N3) et sont associées à la régénération tissulaire, à la récupération mentale et à la réduction de la perception de la douleur.Voici deux études qui ont exploré les effets de stimulations favorisant les ondes delta dans des contextes cliniques spécifiques.
a) Delta et acouphènes : réduction du handicap et de l’anxiété
Prakash & Konadath (2024) ont évalué l’impact d’une stimulation auditive par battements binauraux à fréquence delta (4 Hz) sur des individus souffrant d’acouphènes avec audition normale.
Méthode : 50 participants répartis en groupe expérimental (BB 4 Hz, 20 min/jour pendant 30 jours) et groupe contrôle (bruit blanc, masquage standard).
Résultats :
Réduction moyenne de 24 % du score de handicap lié aux acouphènes (THI – Tinnitus Handicap Inventory, p < 0,05).
Diminution moyenne de 18 % des symptômes anxieux et de 15 % des symptômes dépressifs (questionnaires validés, p < 0,05).
Amélioration plus marquée dans le groupe BB que dans le groupe bruit blanc.
Observation : Les auteurs suggèrent que la stimulation delta pourrait jouer un rôle dans la modulation de l’activité neuronale et émotionnelle impliquée dans la perception des acouphènes, tout en notant que certains participants présentent une réponse limitée.
b) Delta et sommeil : amélioration de la qualité et de l’humeur
Dabiri et al. (2022) ont conduit une étude pilote sur l’effet de battements binauraux delta (4 Hz) écoutés pendant 90 minutes avant ou pendant le sommeil chez 20 étudiants en bonne santé.
Méthode : protocole sur deux semaines — une semaine témoin sans intervention et une semaine expérimentale avec exposition aux battements binauraux delta. Le sommeil était suivi par un journal de sommeil, et l’humeur était évaluée par le questionnaire Profile of Mood States (POMS).
Résultats :
Réduction du nombre de réveils nocturnes.
Augmentation de la durée totale de sommeil.
Amélioration de la qualité subjective du sommeil.
Amélioration de l’humeur au réveil avec diminution de l’anxiété et de la colère (pas de différence significative pour les autres paramètres émotionnels).
Observation : les auteurs suggèrent que la stimulation delta pourrait constituer une intervention simple, peu coûteuse et sans effets secondaires pour améliorer la qualité du sommeil et soutenir la régulation émotionnelle.
3.4 — Les Ondes Gamma (30–100 Hz)
Les ondes gamma sont les plus rapides du spectre cérébral. Elles sont associées à des fonctions cognitives supérieures telles que l’attention focalisée, la mémoire de travail, la perception consciente, la créativité, ainsi qu’à une coordination efficace entre différentes régions cérébrales.En neurosciences, elles sont également considérées comme un marqueur de cohérence neuronale et d’intégration multisensorielle.
Ces dernières années, l’intérêt pour les ondes gamma a fortement augmenté, notamment pour leur potentiel neuroprotecteur dans des pathologies telles que la maladie d’Alzheimer (MA) et les troubles cognitifs post-AVC.Les études présentées ci-dessous illustrent leurs effets cognitifs, émotionnels et physiologiques, ainsi que les mécanismes neuronaux et gliaux impliqués.
a) Gamma et fonctions cognitives : mémoire, humeur, attention
Sharpe et al. (2020) ont évalué l’impact d’une stimulation par battements binauraux gamma à 40 Hz sur la mémoire, l’humeur et les capacités cognitives chez 9 participants répartis en trois groupes (40 Hz, 25 Hz, 100 Hz).
Méthode : huit séances réparties sur quatre semaines ; évaluations avant et après 5 minutes de stimulation binaurale à la fréquence assignée.
Résultats :
Amélioration moyenne des scores cognitifs de +10 % (75 % → 85 %) pour le groupe 40 Hz (p = 0,076).
Amélioration significative des scores de mémoire de +8 % (87 % → 95 %, p = 0,0027).
Amélioration de l’humeur (corrélation négative entre scores de questionnaire et humeur, indiquant une baisse de l’anxiété et de l’irritabilité).
Observation : les auteurs soulignent que la stimulation gamma à 40 Hz pourrait renforcer la cohérence neuronale et optimiser la communication entre régions cérébrales impliquées dans la mémoire et la régulation émotionnelle.
b) Gamma et neuroprotection : Alzheimer et pathologies neurodégénératives
Adaikkan et al. (2019) ont montré que la stimulation sensorielle à 40 Hz (GENUS : Gamma Entrainment Using Sensory stimuli) pouvait réduire les dépôts amyloïdes et la protéine tau phosphorylée dans plusieurs modèles murins de neurodégénérescence.Les enregistrements ont révélé que la stimulation gamma entraînait le cortex visuel, l’hippocampe et le cortex préfrontal.
Méthode : exposition quotidienne à une stimulation visuelle à 40 Hz (GENUS) dès les premiers stades de la maladie.
Résultats (suite à stimulation gamma) :
Préservation de la densité neuronale et synaptique dans plusieurs régions cérébrales.
Amélioration des performances cognitives (tests de mémoire et orientation spatiale).
Diminution de l’inflammation microgliale et réduction des dommages à l’ADN neuronal.
Observation : les auteurs suggèrent que la stimulation gamma active des voies neuroprotectrices en modulant l’activité des neurones et des cellules gliales (astrocytes et microglies, cellules du système nerveux central), réduisant ainsi la progression des lésions neurodégénératives.
c) Gamma et modulation cellulaire : neurones, astrocytes et microglies
Adaikkan & Tsai (2020) ont approfondi les mécanismes cellulaires impliqués dans la stimulation gamma, en étudiant l’effet d’un entraînement à 40 Hz sur différents types cellulaires et sur la vascularisation cérébrale.
Méthode : stimulation sensorielle à 40 Hz sur modèles animaux, avec analyses neurophysiologiques, histologiques et moléculaires portant sur les neurones, les cellules gliales et les paramètres vasculaires.
Résultats :
Activation coordonnée d’un réseau neurocircuitaire incluant neurones excitateurs, interneurones inhibiteurs et cellules gliales (astrocytes et microglies).
Microglies : passage d’un phénotype pro-inflammatoire (M1) à un phénotype anti-inflammatoire (M2), favorisant la clairance des débris neuronaux.
Neurones : amélioration de la synchronisation synaptique et augmentation de la cohérence neuronale inter-régions.
Astrocytes : soutien métabolique accru et modulation des synapses actives.
Effet vasculaire : augmentation du flux sanguin cérébral et réduction de l’inflammation via la libération d’oxyde nitrique, améliorant l’oxygénation et la nutrition neuronale.
Observation : les auteurs suggèrent que ces effets combinés — neuroprotecteurs, anti-inflammatoires et vasculaires — pourraient contribuer à ralentir la progression de pathologies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer.
d) Gamma et troubles cognitifs post-AVC
Adaikkan & Tsai (2020) ont approfondi les mécanismes cellulaires impliqués dans la stimulation gamma, en étudiant l’effet d’un entraînement à 40 Hz sur différents types cellulaires, sur la vascularisation cérébrale et sur la connectivité neuronale.
Méthode : stimulation sensorielle à 40 Hz sur modèles animaux, avec analyses neurophysiologiques, histologiques et moléculaires portant sur les neurones, les cellules gliales et les paramètres vasculaires.
Résultats :
Activation coordonnée de réseaux neuronaux et gliaux (astrocytes et microglies).
Passage des microglies vers un profil anti-inflammatoire, amélioration de la cohérence neuronale et de la plasticité synaptique.
Effet vasculaire positif avec augmentation du flux sanguin cérébral et meilleure oxygénation neuronale.
Renforcement de la connectivité fonctionnelle entre régions frontales, pariétales et hippocampiques.
Observation : les auteurs suggèrent que cette combinaison d’effets neuroprotecteurs, anti-inflammatoires et vasculaires pourrait ralentir la progression des maladies neurodégénératives.
Si la recherche se concentre souvent sur les stimulations auditives et visuelles, il existe aussi des approches mécaniques et tactiles, comme l’usage des diapasons thérapeutiques, qui méritent une attention particulière.
4 — Les diapasons pour activer et synchroniser les ondes cérébrales
Les diapasons sont des outils de choix pour cibler certaines bandes d’ondes cérébrales. Selon la configuration utilisée, ils peuvent agir par voie auditive ou par conduction mécanique directe.
Plusieurs combinaisons de fréquences et modes d’application sont présentés ici, à la fois pour des diapasons spécifiques (« brain tuners ») et pour des diapasons plus couramment utilisés.
4.1 – Choix des diapasons
A) Séries « Brain Tuners »
Diapasons non lestés, accordés spécifiquement pour générer un battement binaural correspondant directement à une bande d’ondes cérébrales (delta, alpha, thêta, gamma).Ils s’utilisent par paire, un diapason à proximité de chaque oreille, afin que la différence de fréquence perçue par le cerveau corresponde à la fréquence cible.
B) Combinaisons de diapasons « classiques »
On associe deux diapasons plus communément utilisés (lestés ou non) pour que leur différence de fréquence corresponde à l’onde cérébrale recherchée.Voici une proposition d’associations :
Alpha (8–12 Hz) : combinaison de deux diapasons : 128 Hz (fréquence pythagoricienne et onde de Schumann arrondie à 8 Hz) et 136,10 Hz (année terrestre), dont la différence de fréquence est de 8,10 Hz, ce qui se situe dans la plage Alpha.
Alternative possible : 125,28 Hz (16ème harmonique de Schumann exacte 7,83 x 16) et 136,10 Hz (année terrestre) créant un écart de 10,82 Hz, également classée dans la bande Alpha pour ses effets comparables.
Thêta (4–8 Hz) : combinaison de deux diapasons : 64 Hz (octave inférieure de l’onde de Schumann) et 68,05 Hz (octave inférieure de la fréquence de l’année terrestre), écart de 4,05 Hz, au centre de la bande thêta.
Delta (<4 Hz) : combinaison de deux diapasons : 128 Hz (fréquence pythagoricienne et onde de Schumann arrondie à 8 Hz) et 125,28 Hz (16e harmonique de l’onde de Schumann), écart de 2,72 Hz.
Gamma (~40 Hz) : combinaison de deux diapason non lestés : 256 Hz (Do) et 296 Hz.
Alternative possible avec 2 diapasons lestés : 64 Hz (onde de Schumann) et 104 Hz
NB : Les diapasons 296 Hz et 104 Hz ne sont pas usuellement utilisés dans la pratique, mais existent sur le marché et sont proposés ici comme suggestion de combinaison.
Voici le tableau résumant les suggestions de combinaisons de fréquences couramment utilisées en pratique thérapeutique pour cibler chaque bande cérébrale
4.2 – Deux modes d’application
a - Aux oreilles
Un diapason est placé près de chaque oreille (sans contact direct avec le pavillon).
La différence entre les deux fréquences perçues crée un battement binaural par voie auditive, qui induit la synchronisation des ondes cérébrales ciblées.
b - Au contact du corps
Les diapasons lestés peuvent également être appliqués directement sur le corps. Dans ce mode d’utilisation, la pointe des deux tiges est mise en contact avec l’autre, formant un « V », pour transmettre la vibration par conduction mécanique à travers les tissus.
Contrairement à l’application aux oreilles, aucun battement binaural n’est généré. L’effet recherché repose sur la stimulation somato-sensorielle : la vibration se propage à travers les tissus, activant les récepteurs profonds (fascias, os, articulations) et procurant un retour sensoriel direct.
Cette interaction physique :
renforce l’alignement sensorimoteur en associant perception tactile et perception sonore ;
favorise un engagement conscient en rendant la fréquence « palpable » dans le corps ;
sollicite simultanément plusieurs réseaux sensoriels (auditif, tactile, proprioceptif), ce qui pourrait potentialiser l’intégration cérébrale de la fréquence cible.
Conclusion
Les recherches récentes confirment que la modulation des ondes cérébrales n’est plus une curiosité de laboratoire, mais un véritable champ d’application thérapeutique. Qu’il s’agisse de favoriser la relaxation, de soutenir la récupération cognitive ou d’accompagner certaines pathologies, les stimulations rythmiques — auditives, visuelles ou mécaniques — ouvrent aujourd’hui des perspectives prometteuses.
Les diapasons, par leur précision et leur capacité à agir aussi bien par voie auditive que par conduction tissulaire, offrent un moyen simple et concret d’entrer en résonance avec ces rythmes fondamentaux.
Le potentiel des ondes cérébrales et leur large champ d’application en font un allié de choix pour enrichir une pratique thérapeutique.
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